Entretien avec le Marocain(de Taounate) M. Bezzari,Directeur Général de l’ISCAE en Guinée: Rien n’empêche les Taounati(e)s de faire du lobbying

Mr Dr Mustapha Bezzari, l’actuel Directeur Général de l’Ecole (ISCAE) de Conakry

Driss El Ouali : « Taounate.Net »/Le journal «Sada Taounate» (Echos de Taounate)en particulier la page (Une personne de mon pays, la région de Taounate) et le site Web «Taounate Net» ont mené une interview avec un membre du (Forum des Compétences de la province de Taounate), qui comprend un certain nombre de personnalités, cadres et compétences originaires de la région de Taounate et situés à l’intérieur et à l’extérieur du Maroc.Il s’agit de Mr Mustapha Bezzari, l’actuel Directeur Général de l’Institut (ISCAE) à quelque 15 kilomètres de la capitale Conakry en Guinée , dans la commune de Ratoma, … Pour mieux connaître cette personnalitée, suivez cet entretien intéressant avec nous:

Sada Taounate : M. Bezzari, permettez-moi tout d’abord de vous remercier pour avoir répondu favorablement à notre invitation.

Mr Bezzari avec l’Ambassadeur de Sa Majesté à Conakry

Mustapha Bezzari : C’est moi qui vous remercie pour tous les efforts que vous déployez afin de permettre aux Taounati(e)s de se retrouver pour célébrer leur région, à l’heure où la société civile prouve qu’elle peut jouer un rôle capital dans le traitement des questions spécifiques à une région.

En fait, je suis Marocain originaire de la commune d’Outabouabane- région de Tissa (Province de Taounate). J’ai fait mes études primaires et secondaires au Maroc. Ensuite, j’ai fait un troisième cycle d’Anglais des Affaires entre la France et l’Angleterre. Puis je suis rentré au Maroc pour faire le Cycle Supérieur de Gestion de l’ISCAE, Casablanca. Quelques années plus tard, je suis parti en Espagne pour faire un Master.

Pour moi, la formation ne s’arrête pas à un diplôme. Elle doit être continue et polyvalente.Je suis marié et j’ai deux (2) enfants : un garçon et une fille qui me manquent énormément…

S.T : Dites-nous, est-ce que l’ISCAE-Guinée est la seule filiale du Groupe ISCAE à l’étranger ?

Remise à Mr Bezzari le prix de Meilleur Dirigeant  Public de l’Année 2018

M.B : Non. L’ISCAE-G est l’un des premiers projets de coopération Sud/Sud. L’Institut a été créé,  en 2002, en vertu d’un protocole d’accord entre l’Agence Marocaine de Coopération Internationale (AMCI) et l’Etat Guinéen.

Bien sûr que l’Institut de Casablanca a servi de modèle et assuré l’assistance pédagogique depuis 2002. En outre depuis la création  le management de l’ISCAE-G a toujours été assuré par des professeurs de l’ISCAE Casablanca. Tous ces éléments font que certaines personnes pensent qu’il s’agit d’une filiale du Groupe marocain.

La deuxième date qui a marqué l’histoire de ce Projet est la visite Royale de mars 2014. En effet, à la faveur  de cette visite, un deuxième protocole d’accord relatif à L’ISCAE-G fut signé par devant Sa Majesté le Roi, que Dieu L’assiste, et Son Excellence Alpha Condé, Président Guinéen. Alors que le premier accord fixait les conditions de création, ce 2ème protocole   jetait les bases d’une véritable coopération entre les deux pays et ouvrait de nouvelles perspectives devant l’ISCAE-G pour que l’Institution rayonne sur toute la sous-région de l’Afrique de l’Ouest.

Ma nomination à ce poste est intervenue en décembre 2014, avec la mission de mettre en œuvre le plan de développement que j’avais proposé.

Boosté par le Wissam de l’Ordre National du Mérite, première catégorie, que Sa Majesté venait de m’accorder, j’ai rejoint Conakry et je me suis attelé à la tâche.

Remise de decoration de Wissam à Mr Bezzari par le Ministre marocain M. Hafid El Alami

Afin de ne pas vous ennuyer avec les détails, je vais me limiter aux réalisations les plus importantes. Ainsi, nous avons commencé par  la mise à niveau des infrastructures. Un exemple édifiant à ce propos était le fait que l’Institut n’était pas desservi par le réseau de distribution d’eau de la ville et le courant électrique n’était disponible que pendant une à deux heures par jour à un moment la fièvre hémorragique à virus Ebola  atteignait son pic, à la fin de 2014. Comme l’exigeaient les mesures sanitaires, nous avons doté l’Institut d’un forage et d’un groupe électrogène. Puis, il a fallu équiper les salles de cours, les bureaux…

 Après la mise à niveau des infrastructures, qui continue d’ailleurs, nous avons concentré les efforts sur une quête soutenue de l’excellence dont le premier fruit fut l’accréditation « LMD » de l’Institut,  obtenue-dès la rentrée universitaire 2017-2018. Ce système universel exigeant plus d’implication de la part des étudiants en matière de recherche, nous avons acheté une cinquantaine d’ordinateurs et signé un contrat d’accès à Internet à travers une ligne dédiée de 3/3 Mbs.

 La prochaine étape serait de mettre à la disposition de nos étudiants 1 ou 2 bibliothèques virtuelles, pour leur faciliter les travaux de recherche.

Remise du prix à Mr Bezzari par les mains de Son Excellence Madame Maada Bio, Première Dame de la République Sierra Léonaise

Nous avons, donc, profitéde cette accréditation pour lancer une grande campagne de communication afin d’asseoir la notoriété de l’Institut comme leader dans son domaine et comme un exemple de  partenariat réussi entre le Royaume du Maroc et la République de Guinée. En plus des medias classiques, nous avons doté l’Institut d’un site web et surtout d’une page Facebook qui compte aujourd’hui plus de trois mille abonnés.

Chaque année, des étudiants de l’ISCAE-G partent en échange au Maroc et, bientôt, nous allons reprendre les missions de professeurs du Groupe ISCAE qui viennent à Conakry pour assurer la mise à niveau dans des matières pointues. Il est également prévu de recruter des enseignants guinéens et de les envoyer au Maroc pour parachever leur formation.

Grâce à Dieu et au soutien de l’AMCI, du Groupe ISCAE, de l’Ambassadeur de Sa Majesté à Conakry et du Ministère guinéen de tutelle, l’ISCAE-G jouit, aujourd’hui, d’une place de choix sur l’échiquier universitaire de la Guinée, la preuve en est que nos lauréats ne connaissent pas le chômage.

 En reconnaissance du travail accompli, j’ai été sacré « Meilleur dirigeant  public en Guinée de l’Année 2018 » . Un an aprés, l’ISCAE-Guinée a été élu meilleur institution. Près de 17 ans après sa création, cet établissement de formation supérieure en gestion s’est imposé comme une référence en Guinée, profitant de l’expertise et du savoir-faire de la «maison mère». Un bel exemple de coopération Sud-Sud qui permet à ce pays de couvrir une partie de ses besoins en cadres hautement qualifiés.

Outre ces réalisations, nous avons continué à œuvrer pour la formation des formateurs, le recrutement de cadres Guinéens, à diversifier nos sources de financement et à doter l’Institut de tous les moyens nécessaires pour assurer son autonomie administrative et financière à l’horizon 2021. Il s’agit notamment du lancement de la formation continue et de masters spécialisés.

Sur un autre registre, un projet de l’ISCAE-G pour la formation et l’insertion de 720 jeunes licenciés chômeurs, dans les domaines de l’agriculture et l’élevage,  a été sélectionné parmi 77 autres projets présentés par d’autres institutions. Le projet, qui s’inscrit dans le cadre du programme « Booster les Compétences pour l’Employabilité des jeunes », bénéficie d’un financement de la Banque Mondiale à hauteur de 400 000 USD.

La mise en œuvre, en cours, de ce projet m’a valu un prix panafricain décerné par une ONG basée au Nigéria « African Achievers Awards », pour le meilleur programme de formation des jeunes qui mène directement vers l’emploi.La cérémonie de remise a eu lieu à Freetown, en Sierra Leone et j’ai eu l’honneur de recevoir le prix des mains de Son Excellence Madame Maada Bio, Première Dame de la République Sierra Léonaise. En marge de la cérémonie, j’ai été coopté comme membre du Comité Exécutif de AfricanAchievers et représentant de l’Organisation au Maroc (Photo ci-après). 

S.T :Toutes mes félicitations. Le Maroc et Taounate sont fiers de vous. Si vous permettez, je voudrais savoir si la Covid-19 n’a pas trop gêné le déroulement de ces opérations ? Et plus largement que pensez-vous de cette pandémie ?

M.B :Ne m’en parlez pas ! A l’instar des autres institutions, l’Institut est fermé depuis la mi-mars. Nous essayons de travailler à distance, mais les conditions sont très difficiles, ici. Nous attendons les instructions des autorités. Vous m’avez demandé de vous dire ce que je pense du Coronavirus. Que voulez-vous que je vous réponde ! Sincèrement, on ne sait plus qui croire : les Chinois, les Américains, le Conseil Scientifique National ou l’OMS ?

S.T :M.Bezzari, j’ai lu quelque part que vous étiez également romancier ?

M.B :Effectivement, je suis auteur de deux titres : « Les Mutants» et « Le Monde de Mona Fiquines ». Le premier a été publié à Paris en 2013 et réédité en 2017. Il traite de la perversion narcissique. Malheureusement, étant très occupé, je n’ai pas pu le promouvoir comme il se doit.

 Au Maroc, il est vendu seulement dans deux librairies à Casablanca (DSM, Bd Med V et Carrefour des Livres, Maaarif). Le second est achevé depuis plus d’un an. Il traite du monde des hypocrites (Monafiquines) et du regard que porte une avocate stagiaire sur la justice marocaine. Là encore, je n’ai pas pu me consacrer à la recherche d’une maison d’édition pour le publier. Pour ceux qui veulent avoir une idée sur la nature des pervers narcissiques manipulateurs, il  a une vidéo sur YouTube. Il suffit de taper Mustapha Bezzari pour y accéder.

S.T :Après ce périple, peut-on revenir à la région ? Je voudrais savoir si vous revenez de temps à autre à Taounate ou à Outabouabane et si vous avez des projets pour notre région ?

M.B : Vous savez, c’est ma cinquième année à Conakry. Quand je rentre au pays, je partage les deux ou trois semaines de congé à ma petite famille qui se trouve à Casablanca et à ma maman qui habite toujours la ville de Fès. Cette année, à cause de la pandémie, je n’ai pas quitté Conakry. Pour ce qui est des investissements, je pense surtout à faire profiter la région de ma modeste expérience à travers la société civile.

Je profite de l’occasion pour saluer ce que vous faites pour établir des contacts et relations entre les compétences de la région. J’espère que nous allons trouver la formule adéquate pour que nous soyons efficaces. Tout le monde est d’accord pour aider la région, mais comment ? Il faut identifier des actions concrètes et les contributions de tout un chacun sur la base du volontariat. Merci et bon courage à tous.

S.T : Comme vous savez un « Forum des Compétences de Taounate » a été crée derierement ;qui regroupe pas mal de cadres qui sont d’origine de la Province de Taounate ,au Maroc et à l’Etranger..Que pensez vous de cette initiative ?

M.B : Le groupe créé récemment pour servir la région est  une  excellente initiative. J’ai suivi le débat qui s’était engagé quant à la nécessité d’une fusion avec “Taounate-Ouertzagh” ? Si les objectifs sont les mêmes, pourquoi créer une autre association ?

La seule question que j’avais posée au Forum est: “Nous avons des compétences qui veulent servir leur région et leur pays, quelle est la manière la plus efficace d’en tirer profit ?”. Il y a des gens qui veulent monter des projets touristiques, par exemple. A mon humble avis, cela sert d’abord les intérêts des promoteurs et l’État fait beaucoup pour les encourager. Le décloisonnement de la région est également l’affaire de l’État. Rien n’empêche les Taounati(e)s de faire du lobbying.

Je crois qu’au lieu de nous substituer à des entités qui existent déjà, nous pouvons en être l’agent de coordination. Nous pouvons identifier les besoins et les parties à même de les combler. Nous pouvons booster les compétences de nos jeunes à travers des session de formation ciblées. Nous pouvons lever des fonds internationaux pour promouvoir des projets innovants…

S.T :Que pensez vous du Journal régional « Sada Taounate »(Echos de Taounate) qui va célébrer bientôt  son 26 ième anniversaire ?

M.B : Personnellement, je salue les personnes qui étaient derrière l’idée de créer “Sada Taounate”. Je sais qu’il n’est pas aisé de faire vivre un journal pendant plus de 26 ans surtout s’il est de caractaire local.

 Sincèrement c’est une fierté pour la région et pour le pays entier. Félicitations aussi pour avoir pensé à lui créer un écho sur le Net. Il y a lieu de le relooker et de le faire connaître. En tout cas, bon vent aux deux médias.Et Merci bcp…

Conakry- Guinée

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