El-Jay Mohamed–Taounate : » Taounate.net »//-En coordination avec la Maison de la poésie du Maroc, et avec le soutien du ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, le Forum des Compétences de Taounate a organisé, durant les journées du 28 – 29 et 30 novembre 2025, un Festival de la poésie marocaine de graphie arabe, dans sa première édition, en l’honneur et en hommage au grand poète Driss El Jay, en tant que natif de la région de Taounate.
Durant la première séance d’ouverture, animée par Said El-Ghouli, le secrétaire général du Forum, la parole a été donnée à son président, Driss El-Ouali qui a souhaité la bienvenue au participants, aux invités, et à toutes les personnes et personnalités présentes lors de cette séance. Ensuite, deux interventions ont suivi. Celle de Mourad El-Kadiri, président de la « Maison de la poésie du Maroc », et puis celle de Fouad El-Mehdaoui, qui, en sa qualité de directeur régional – secteur de la culture de la région Fès- Meknès – a représenté le ministre de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication Mehdi ben Said dans cette manifestation culturelle sur le sol de Taounate.
Les trois intervenants ont unanimement souligné l’importance de cette rencontre, se félicitant que la première édition du Festival soit consacrée à la célébration de la mémoire du feu Driss El Jay, l’un des plus belles plumes du Maroc , en matière de littérature et de poésie.
Né à Sidi Lahcen, un petit hameau situé dans la région de Taounate, Driss El Jay (1924 -1977) avait intégré l’université Al-Quarawiyine à Fès, avant d’aller s’établir en Espagne, puis en France où il avait occupé un poste de journaliste à radio Paris pendant une période de temps, avant de réintégrer le pays, à l’aube de l’indépendance du Maroc.
A son retour à Rabat, il a été désigné dans le poste de directeur des programmes à la radio nationale. C’est durant cette période passée à la radio nationale que Driss El Jay a beaucoup contribué à l’essor et à la promotion de la poésie marocaine à travers ses deux célèbres émissions radiophoniques, « la valise du mercredi » et « Avec les jeunes poètes en herbe ».
Ces deux émissions ont largement contribué à la formation de tout une génération de jeunes poètes marocains, aujourd’hui parmi les meilleurs noms que compte le répertoire national dans le domaine de la poésie et de la littérature.
C’est pour cette raison que la commémoration de son nom doit être perçue comme un hommage à tout une génération de poètes qui ont donné à la poésie marocaine ses lettres de noblesse, faisant d’elle une ambassadrice de la beauté et des belles lettres, selon l’expression du poète Driss Al Ouaghich.
Toujours lors de cette première séance d’ouverture, deux témoignages enregistrés sur vidéo ont été présentés devant l’assistance. Le premier venant de Driss Yazami, président du Conseil de la Communauté marocaine, résidents à l’étranger, et l’autre, celui de l’ancien ministre et ambassadeur marocain, monsieur Najib Zérouali. Tous les deux ont insisté sur les qualités du défunt Driss El Jay, l’homme et le poète, et sur son apport inestimable à la poésie marocaine.
La première séance, après celle de l’ouverture, était animée par Si Mhammed El Boukili, journaliste et ex-directeur à la radio nationale. D’emblée, il a donné la parole à Salim, le fils de Driss El Jay, résident en France et venu spécialement pour assister à la consécration de son père, aux côtés de ses deux cousins, Thami et Mhani, eux aussi, venus de Casablanca pour la même occasion. Comme son père, Salim est un homme de lettres qui a consacré toute sa vie à la littérature.
Un écrivain franco-marocain et critique littéraire hors pair, ayant à son actif plus d’une trentaine d’ouvrages, parmi les plus connus, son excellent roman sur l’immigration clandestine « Tu ne traverseras pas le détroit » déjà traduit en arabe par le romancier et poète Mohamed Hmoudane, et les deux dictionnaires l’un consacré aux écrivains marocains et l’autre aux romanciers algériens.
Malgré son arabe très rudimentaire, Salim a réussi à faire la lecture d’un petit texte écrit en grosses lettres de l’arabe, dans lequel il a remercié les organisateurs du Festival d’avoir pensé à la consécration de son père, comme il a exprimé toute la joie qu’il ressentait depuis son arrivée à Taounate pour participer à cet événement.
Après l’intervention de Salim, l’assistance a été conviée à l’écoute de quelques anciens témoignages sur le parcours du poète Driss El Jay, tels qu’ils étaient enregistrés et conservés dans les archives de la télévision marocaine.
Ensuite, ce fut au tour du poète Abdeslam El-Moussaoui, coordinateur du programme du Festival, de prendre la parole pour annoncer aux personnes présentes, les noms des lauréats du « prix Driss El Jay de la poésie » pour les jeunes poètes de moins de trente ans.
Le premier prix a été décerné à la jeune Hind Al Ayane de Taounate, le deuxième à Ismail Ait Idder, originaire de la province Al Haouz, le troisième prix a été attribué à Hala Boutlaka, native de Beni Oulid, un petit village appartenant géographiquement à la province de Taounate.
A noter que le jury de sélection était composé des poètes Ahmed Moufdi , président, Abdslam El-Moussaoui, rapporteur, Amina Lamrini et Said El-Gouli, membres.
Le lendemain, au matin, lors du deuxième jour du Festival, les élèves de l’établissement At-Tafattouh pour l’Education et l’Enseignement (vingt élèves au total) ont été au rendez-vous avec la talentueuse poétesse Oulaya El Bouzaidi qui a animé un atelier sur les techniques de l’écriture poétique, au profit de ces élèves, et en présence des membres d’une délégation du Forum et de la Maison de la poésie du Maroc.
La soirée de cette même journée a été consacrée à la célébration du poète Driss El Jay, à travers les témoignages de ceux qui l’avaient connu de près, comme son fils Salim. Cette fois-ci, pour parler de son père, Salim a fait une intervention en français. Il a déclaré que la littérature a pris une grande place dans sa vie, le jour où il avait entendu, pour la première fois, son père réciter l’un de ses propres poèmes. Ce fut, a-t-il dit, l’étincelle qui a allumé chez lui, le jeune Salim, la flamme de l’amour pour la littérature.
Après l’intervention de Salim El Jay, ce fut successivement le tour du journaliste Ahmed Karouk,(venu de Tanger) ami du défunt et son collègue à la radio et à la télévision marocaine, et de l’écrivain et réalisateur Ahmed El Ghramli, ,(venu de Rabat) ami du poète , de faire chacun leur témoignage. Tous les deux ont insisté sur les qualités humaines de Driss El jay, l’homme et le poète.
La soirée a été clôturée par un récital de poésie, suivi d’un cancer musical présenté par l’artiste Ahmed Moussa Fares, natif de Taounate. Ont participé au récital de poésie, les poètes Mourad El Kadiri, Mohamed Bichkar, Abderrahim El-Hassar, Driss El-Ouaghich et Ismail Allali.
Pour le reste, deux autres activités ont marqué ce deuxième jour du Festival. D’abord, et pour la séance de la matinée, un colloque scientifique autour du recueil « Sawanih » de Driss El Jay, tel qu’il a été vu par les critiques de son temps. Animé par le poète et critique littéraire Brahim Dib, ce colloque a réuni les intervenants suivants : Mohamed Yaïch, Said bakkour, Mohamed Essaidi , Ahmed Bel Khayri et Nasr Eddine Chardal.
A la fin du colloque, les participants ont été invités à se rendre à La Foret d’Ifrane, un charmant campement touristique situé à quelques kilomètres environ de la ville de Taounate, et offrant une vue imprenable sur le barrage de Sahla et les montagnes environnantes.
La visite de ce bel endroit par les participants du Festival a coïncidé avec l’arrivée sur les lieux de monsieur le gouverneur de la province de Taounate, Abdelkarim El Ghannami. Le gouverneur a salué l’idée du Festival, et a souhaité la bienvenue aux poètes et poétesses et à tous les participants.
La dernière séance du Festival et qui a mis fin aux activités à l’ordre du jour de ce Festival a été animée par l’actrice Najat El-Ouafi(native de Taounate) et consacrée exclusivement aux hommages à la poésie et aux poètes.
Le premier hommage a été adressé à la poétesse Malika El Assimi à qui le poète Abdslam Al-Moussaoui a adressé, en sa présence, un éloge émouvant.
Le second concernait le poète Ahmed Moufdi, représenté en son absence pour des raisons de santé, par le critique Abdelkarim Al-Rahwi, et enfin le poète Mohamed Ali Arabaoui, à qui Ismail Allali et Najib Khaddari ont adressé des mots élogieux et un vibrant hommage.
Le dimanche matin, le temps pluvieux de Taounate avait empêché une visite prévue pour le douar de Sidi Lahcen qui est le lieu de naissance du poète Driss El Jay, situé à une trentaine de kilomètres de Taounate. La visite a été reportée à une date ultérieure.
De leur côté, et avant de prendre congé de leurs hôtes, les participants ont exprimé leur remerciements au Forum des Compétences de Taouanate pour avoir entrepris cette belle initiative, celle de célébrer les écrivains, les poète et toutes les compétences appartenant à la région, mais, souvent ignorées du grand public.
Ils ont salué aussi l’ambiance dans laquelle s’est déroulé le Festival, exprimant ainsi leur souhaits pour la continuité et la pérennité de ce Festival, afin qu’il puisse se reproduire et se perpétuer d’année en année jusqu’ à ce qu’il devienne une tradition et une habitude.